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Si jusqu’à quatre semaines, le chiot ne réagit que peu à son entourage et attache plus d’importance à sa mère et à ses frères et sœurs. Il devra être confronté à toutes sortes de situations entre la quatrième et la douzième semaine environ. C’est à cette époque que l’éveil du chiot est le plus important et qu’il se forge son caractère futur.

 A l’élevage la socialisation des chiots est prise en considération. Celle ci passe par de multiples biais dont l’apprentissage des autocontrôles, de la communication et des rapports sociaux canins, et des attachements secondaires pour que le chiot soit un animal social équilibré.

 L’apprentissage des autocontrôles

Le premier apprentissage concerne les autocontrôles. Les chiots doivent apprendre d’une part à contrôler la force de leurs mâchoires, et d’autre pat à savoir donner fin à une activité. Le meilleur moyen de faire intégrer des autocontrôles aux petits chiots et de laisser ceux ci vivre ensemble auprès de leur mère.

Ainsi par exemple quand ils atteignent l’âge de trois semaines, leurs petites dents acérées rendent les tétées douloureuses. La chienne commence alors à les repousser et à ne plus les tolérer trop longtemps contre ses mamelles. En couinant et en repoussant les chiots qui lui blessent les tétines, elle leur apprend tout simplement qu’il faut faire attention à contrôler la pression des mâchoires. Le même processus s’opère au cours des interminables parties de jeu qu’ils pratiquent entre frères et sœurs : quant un chiot fait mal à un autre, la victime pleure et la mère intervient pour punir l’agresseur. Les mordillements doux sont en revanche très bien tolérés et font partie des comportements normaux de tout jeune canidé. Les autocontrôles désignent aussi le fait d’apprendre à savoir s’arrêter. Une fois encore, la présence de la mère est indispensable. Les petits chiots, vifs et joueurs par nature, ont tendance à solliciter sans relâche la mère jusqu’à ce qu’elle les repousse en grognant et en se détournant d’eux. Grâce à ces expériences et biens d’autres encore, le petit chiot apprend qu’à chaque phase d’activité ou « séquence comportementale » correspondent des prémices qui déclenchent l’envie du chiot (besoins, découverte d’un objet intéressant …) une consommation de ce qui est désiré (jeu, nourriture, câlin…) et une fin (l’action se termine et le chiot passe à autre chose).

 Les rapports sociaux canins

La communication et les rapports sociaux canins sont appris par les chiots au sein de la meute. Les petits chiots sont en présence continuelle des autres adultes qui interviennent au niveau de l’apprentissage des bases de la vie sociale du chien, à savoir comment un chien fonctionne en tant qu’animal sociable s’intégrant dans un groupe et comment il peut communiquer avec les membres de ce groupe. Ce ne peut être le cas qu’avec des adultes équilibrés capables de vivre dans une meute structurée, véritables modèles sociaux.

Entre trois et huit semaines, il faut donner aux chiots l’occasion d’observer et de mettre en pratique les rudiments de la communication canine. A deux mois, s’ils ont pu observer beaucoup d’adultes pratiquer ensemble des activités ou avoir des altercations et des désaccords, il s se sont imprégnés des codes sociaux canins et de la manière dont on s’exprime correctement. Les petits chiots observent et mettent en pratique dès le début de leur phase de socialisation les rudiments de la communication. Qu’elle soit posturale, faite d’expressions faciales, de vocalisations diverses (aboiement, jappement, gémissement, grognement…) ou encore d’émission/réception de substances chimiques inodores pour nous, ils s’en servent de plus en plus finement pour communiquer entre eux. Par imitation, les chiots reproduisent aussi entre eux et avec les autres adultes de l’élevage les comportements ritualisés qui régissent la vie sociale canine. Les rituels sont au départ liés à une action élémentaire (boire, manger, se rencontrer, jouer, se disputer…). Dans le contexte social du groupe ils acquièrent une valeur de communication dont le rôle est de lever les ambiguïtés sur les intentions de l’autre et de conserver ainsi la paix au sein de la meute. Vivire auprès de modèles à imiter constitue sans doute le meilleur moyen de comprendre le fonctionnement d’un groupe de chiens, les liens qui unissent ses membres et les moyens qu’ils ont à leur disposition pour s’échanger des informations. C’est sur ce modèle canin que le chiot s’adaptera ensuite à sa future famille humaine.

 Les attachements secondaires

Les autres adultes de l’élevage peuvent aussi jouer une rôle fondamental dans le processus d’attachement des chiots. Chez les mammifères, l’être d’attachement primaire, c’est à dire la toute première base affective et logiquement incarné par la mère qui va allaiter les petits, prendre soin d’eux et veiller attentivement sur eux jusqu’ils ce qu’ils soient capables de s’attacher à autre chose et de mener leur vie de manière autonome.

Leur mère s’attache donc la première à ses petits chiots dès les tout premiers jours. Inquiète, à l’écoute de leurs moindres besoins, elle répond positivement à toutes leurs sollicitions jusqu’au quinzième jour environ. Il faut attendre le quinzième jour pour que le même processus se mette en place chez les chiots. Peu à peu, ils différencient parfaitement leur mère de tout autre individu (texture, chaleur, aspect physique, odeur, goût, voix…) et elle seule leur procure un sentiment de sécurité leur permettant de se sentir calmes, confiants et choyés. Elle est leur être 

d’attachement primaire. Pour que le processus s’opère normalement, les chiots doivent ensuite développer des attachements secondaires. Les premiers liens d’attachement secondaire se créent naturellement entre chiots de la même fratrie. Des affinités apparaissent entre individus et dès quatre à cinq semaines, on peut les observer dormir à deux ou trois et manifester une préférence pour tel frère plutôt que pour tel autre. Viennent ensuite les attachements à d’autres adultes. Ils ne peuvent apparaître que si on donne aux chiots les moyens de tisser ces liens. La présence régulière d’autres adultes autour d’eux est indispensable. Plus les chiots passent de temps auprès d’eux, plus ils prennent de plaisir à interagir avec eux (jeux, câlins, sommeil partagé…) et plus ils vont s’attacher à eux.

Ces liens d’attachement secondaire sont très importants car ils constituent une étape du processus d’attachement vers le processus de détachement. Le départ de l’élevage est d’autant moins douloureux pour le petit chiot qu’il a apris à se sentir bien auprès d’autres individus que sa mère. Son intégration dans sa famille d’accueil est alors grandement facilitée car il perçoit  ses membres comme, gentils et bienveillants, comme des êtres auxquels il peut s’attacher et dont la présence rassurante autorise une insertion sereine dans son nouveau milieu.

 A l’instar de son ancêtre le loup, le chien est un animal social ayant un besoin vital de se situer dans un groupe. Le chien domestique assimile sa famille d’accueil à sa meute. Pour les propriétaires il devient rapidement un membre de la famille, mais pour le chien, ces derniers constituent un groupe organisé, dans lequel chacun occupe la place laissée par les autres, selon son rang et sa fonction. D’après ses codes sociaux et les messages que lui enverront ses maîtres, un chien correctement socialisé par la vie dans sa fratrie et auprès de sa mère prendra la place qu’on lui attribuera.

 Vie sociale du chien équilibre

Le chien équilibré se comporte comme un loup équilibré qui accepte son rang et la soumission qu’il peut supposer. Il remplit ses fonctions et joue un rôle dans se meute soudée par un fort lien social. La cohérence du groupe, sa cohésion et son fonctionnement hiérarchique sont indispensables pour que chien et maîtres puissent s’épanouir dans une relation enrichissante, sereine et non conflictuelle. Le nouveau propriétaire doit donc être amené à s’imposer comme l’individu alpha de la meute, c’est à dire son chef incontesté. Le leader n’est pas un animal agressif, c’est un temporisateur. Le maître doit calquer son attitude sur la sienne, ne tolérer ni dérogation à la règle, ni bagarre, sans avoir recours à la brutalité.

Ce dernier possède des prérogatives mais également des devoirs envers son groupe. Guide, protecteur, et temporisateur de sa meute, il jouit d’un certain nombre de privilèges : il mange lentement, en premier et choisit les meilleurs morceaux. Il dort en hauteur, décide de toutes les activités importantes 

(repos, chasse, inspection du territoire, déplacements…) Il marque son territoire plus que les autres, et c’est lui qui se charge de chasser et raccompagner un éventuel intrus. Son leadership acquis, les membres de la meute respectent son autorité qui permet à tout le groupe de vivre ensemble, loin des conflits. Le rapport de dominance n’altère en rien la qualité affective de la relation. Si les propriétaires parviennent à s’imposer comme les individus dominants, il apparaîtra comme naturel au chien de leur obéir avec plaisir.

 Un chien correctement socialisé se comporte de la m^me manière dans un groupe de chiens ou d’humains. Il a les mêmes besoins pour mener une vie sociale équilibrée. Nourri, installé sur son territoire et choyé par sa meute, il doit découvrir d’autres activités pour trouver son équilibre. Le chien doit se dépenser suffisamment selon ses besoins particuliers. Les promenades ne peuvent se limiter aux sorties hygiéniques amis au moins une d’entre elles doit avoir pour objectif de s’amuser, de se dépenser et de s’intégrer dans l’environnement. Idéalement, le chien devrait pouvoir être lâché dans un parc, en forêt ou dans un lieu où ses sens seront stimulés. Sa vie sociale doit être très riche. Il est capital pour lui d’interagir avec son groupe et des individus extérieurs, chiens et humains. Alors qu’il est encore petit chiot, il faut le laisser aller à la rencontre de ses congénères. Ils sauront se débrouiller entre eux, et si le chiot se montre trop entreprenant, l’adulte saura le remettre en place sans violence.

Plus le chiot connaîtra de choses au cours de son développement, plus on aura de chances d’obtenir un adulte équilibré et digne de confiance. La fréquentation des terrasses de café, centres commerciaux, parcs et autres lieux publics, marchés contribuera considérablement à diminuer son émotivité face à une situation nouvelle. Il est effectivement important que le chiot soit émotionnellement stable pour qu’on puisse lui faire confiance. Si ces réactions sont trop dépendantes de l’environnement, elles peuvent devenir inattendues et le chien ne répondra peut être pas à un ordre d’arrêt. Il doit pouvoir être maîtrisé et tenu sous contrôle en toutes circonstances par la simple autorité du maître et indépendamment du contexte.

Les contacts ne doivent pas se limiter aux caresses et aux câlins. Le chien a besoin de jouer. Ce besoin plus prononcé chez les jeunes que chez les adultes persiste néanmoins tout au long de la vie du chien. Il est bon de mettre suffisamment de jouets et os à mâcher à sa disposition pour qu’il ne s’ennuie pas, notamment quand il est seul. Pour les jeux comme pour les promenades, l’initiative doit venir du maître qui, en tant que chef, déteint le contrôle des activités. S’il parvient à l’aider à bien s’équilibrer, le maître doit pouvoir  emmener son chien partout, au restaurant, chez des amis, à l’hôtel. Une relation de confiance s’établira naturellement si le chien ne reçoit pas de messages contradictoires ou incohérents.

 

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